Depuis un excellent
Imaginations from the Other Side,
Blind Guardian aura toujours refusé de se laisser enfermer dans un attentisme artistique figeant. De l’ambitieuse conceptualisation, érigée au glorieux rang de culte pour certains, de l’œuvre de J.R.R. Tolkien sur un
Nightfall in Middle Earth abscons, aux fresques symphoniques, et peu inspirés, d’un A Nigth at the Opera décevant, le groupe affirme, en effet, clairement sa détermination à s’inscrire, toujours, dans une création habile. Ces subtiles évolutions, désireux de rester dans une modernité contemporaine, témoigne, de manière éclatante, de toute les vertus les plus respectable d’un
Blind Guardian digne. Elevé à l’ultime honneur de groupe mythique par beaucoup, force est de constater qu’il aura, admirablement, réussi à traverser les époques en offrant au monde une œuvre très personnelles, et sinon toujours captivante, tout au moins riche et attachante. Néanmoins avec ce nouvel album,
A Twist in the Myth, l’évolution semble moins évidente et la démarche apparait comme une incontestable volonté de réconciliation. En effet, en véritable condensé de certaines de ces aspirations, il tente de fédérer un auditoire relativement large.
Assurément l’authentique réussite de cet album réside donc dans cette union subtile d’un
Blind Guardian originel à un autre bien plus contemporain. Aguerris par le temps, et pétrie de talent, les allemands composent donc un album très consensuel. Il va sans dire que cette expérience et ces capacités exceptionnelles de musiciens d’exceptions ne peuvent, aujourd’hui, que s’exprimer d’une manière bien moins imparfaite qu’autrefois et que, donc, même si l’esprit antique est là, il s’agit bien plus d’un état d’esprit que réellement d’un retour aux sources avéré. Cette œuvre est donc l’accomplissement le plus aboutis de toutes ces années de carrières. Désormais le groupe a trouvé un équilibre entre tous ces visages. Délaissant celui trop dur d’un Heavy/Speed fougueux et celui trop doux d’un Heavy symphonique ambitieux, il revient à celui apaisé d’un Heavy Metal mélodique. Doit-on pour autant loué le génie d’un résultat qui serait inéluctablement fabuleux, puisque plus équilibré ? Pas nécessairement.
Le premier constat notoire qui caractérise cet album est le départ de Thomas « The Omen » Stauch après plus de vingt ans de loyauté remplacé par Frederik Ehmke. Si nul n’aura jamais loué suffisamment les talents et le discernement avec lequel Thomas aura magnifié les œuvres de
Blind Guardian, il apparait évident que son choix, en écho au murmures ambiants, est motivé par un style et une direction musicale trop peu véhémente ne lui convenant plus. Une théorie qui semble pertinente lorsqu’on écoute son projet suivant,
Savage Circus.
Le sentiment tenace qui émane ensuite de cette œuvre est un sentiment d’unité plus cohérente. Ce surcroit de cohésion s’exprime au sein de titres tels qu’un très bon This Will Never End. A l’aide de couplets vifs et de refrains mélodiques réussis, ce morceau ouvre l’album sous les meilleurs auspices. Dans une démarche très caractéristique de la musique de ces allemands, d’autres viennent, eux-aussi, s’inscrire dans l’élaboration d’un plaisir plaisant. Ainsi, et même si certains sont moins immédiatement agressif que ce premier, Otherland, Turn the Page, Fly, Another Stranger Me,
The New Order sont de très bons titres dans le plus pur esprit de ce "nouveau"
Blind Guardian. Cependant abondance de bien nuit forcement quelques peu et ainsi malgré de très bon morceaux, d’autres semblent moins charismatiques, et en dehors de leurs évidentes qualités, ne laissent pas un souvenir impérissables (Straight Through the Mirror, The Edge…). L’inévitable ritournelle de barde, ballade médiévale, Skalds and Shadows, tente de rééditer, quand à elle, la réussite de The Bard’s Song. Si elle offre un relativement joli moment, elle ne parvient, cependant, pas à la hauteur de ces ambitions.
Notons qu’avec ce A Twist in a Myth,
Blind Guardian revient à un propos plus simple et abordable. Abandonnant son aspect le plus symphonique, ainsi que celui le plus vifs et ardent, il offre une musique homogène très plaisante, mosaïque apaisé de toutes ces envies et tous ces talents. Loin de l’excellence de ces œuvres les plus illustres, il nous offre, tout de même ici, une satisfaction dont il serait déraisonnable de ne pas gouter pleinement.