Un an après un Seven Churches qui posait un peu plus que les bases du death metal tel que nous le connaissons aujourd'hui,
Possessed revient avec ce Beyond The Gates à la pochette fort intéressante quand on a le vinyle entre les mains. Celle-ci s'ouvre en effet comme une porte et on se dit que c'est un joli coup marketing. La récente réédition CD fonctionne d'ailleurs sur le même principe, histoire de respecter le format d'origine.
Le groupe américain change la donne sur cet opus, en se débarrassant de toute sa spontanéité brute pour se concentrer sur d'avantage de technique. Cela reste toujours très direct et relativement brutal. Le groupe se dissocie en revanche des racines plus purement thrash pour accentuer la noirceur qui émanait déjà du premier disque. Elles apparaissent toujours, comme sur
The Beast Of The Apocalypse très roots, proche des racines punk du genre avec un côté groovy pas déplaisant d'ailleurs. Ce qui change surtout réside en l'accumulation de breaks et de changements de mélodies qui rendent l'ensemble difficile à suivre. En effet, sous une apparence simple, la plupart des morceaux se développent d'étrange façon, passant de la vitesse à outrance à des parties lentes et lourdes, inquiétantes, même. Réussissant à le faire plusieurs fois sur de courtes durées,
Possessed est étonnant, mais il perd en même temps de sa logique implacable qui faisait le charme de Seven Churches.
Le travail de la rythmique est complexe, entre les up et mid tempos qui s'enchaînent à la vitesse grand V, quand les guitares tricotent riffs et soli dessus, parfois de façon un peu trop redondante pour vraiment accrocher l'auditeur tout du long. Le même reproche peut être fait à la batterie en ce qui concerne le martèlement incessant des fûts sans trop de variations. La production médiocre de cet album fait que tout ce qui apparait en fond lors des soli où des parties éructées par
Jeff Becerra devient très brouillon et sans impact réel. Ce qui est dommage, parce que ce côté brouillon justement d'avoir un bruit de fond similaire tout du long et casse tout l'effet que
Possessed a voulu donner à sa musique, cette fameuse technicité qui se trouve pour le coup amoindrie.
D'un point de vue thématique, on s'écarte quelque peu du satanisme primaire du premier disque pour quelque chose de tout aussi malsain, plus fantasmagorique, mais nettement moins versé dans les arts occultes. Le chant reste dans la même veine que Seven Churches, dont très grumeleuse et déchirée. Un style que l'on peut rapprocher très facilement de celui de
Chuck Shuldiner, qui était un fan incontesté du groupe, lui rendant hommage à la première occasion et lui rendant les lauriers qu'il récoltait à sa place. Fair play.
Sans être un mauvais album, Beyond The Gates n'a plus la fraîcheur et la simplicité jouissive de son prédécesseur. L a production bâclée à l'extrême aurait pu donner un certain cachet à l'ensemble s'il ne lui nuisait pas. Le potentiel est là, mais la mayonnaise ne prend jamais vraiment car trop chargée, trop salée d'un point de vue rythmiques sans imagination. Des plans entiers sont répétés, quelque peu repensés, et il manque ce surplus de créativité nécessaire à faire un très bon disque. C'est dommage, parce que sans le savoir,
Possessed arrivait déjà lentement au terme de sa carrière...