Alors que nombre de ses congénères se complaint dans la brutalité du death metal et du thrash qui sied bien au monde actuel, CHERRYCANE a emprunté la Deloran de Doc Brown et de Marty McFly pour remonter le temps. Mais merde, quand sont-ils alors ? Ben, ils ont atterri à la fin des années 80, âge d'or du hard rock US, des permanentes pour messieurs et des spandex. Pas besoin d'entrer dans l'échoppe, un coup d'œil à la devanture suffit : le look bigarré est typique, les titres évocateurs.
BLACKRAIN n'est donc plus seul et a trouvé des compagnons d'exploration du continuum espace temps. CHERRYCANE se démarque de la bande de Swan Hellion par une approche moins glam, plus sleaze. Musicalement on se situe ainsi au croisement d'un BULLETBOYS, d'un FASTER PUSSYCAT, et d'un LOVE / HATE avec une touche de CRYSTAL PISTOL et d' HARDCORE SUPERSTARS pour la modernité. A l'image de ses glorieuses formations, CHERRYCANE ne se départit jamais d'un groove constant et d'une certaine imprévisibilité. Les Parisiens n'hésitent pas non plus à prendre le contrepied des usages, en proposant des titres assez longs et travaillés.
"No law" s'ouvre sur un riff perçant, avant qu'Axl Rose…euh non Sacha Uzbelger... ne fasse résonner son appétit de destruction. Plus le titre avance, et plus on se dit que ce type a une voix terrible, parfait mix entre le dit Axl et Sebastian Bach de SKID ROW. Les instrumentistes sont également au taquet pour nous apporter une bonne dose de hard-rock festif. Le côté party band est ici pleinement assumé et fait partie de l'ADN du groupe. Le début de "Bad education" rappelle le punch dansant d' EXTREME avec des parties de guitares et un solo que n'auraient pas reniés Nuno Bettencourt. "Girls in town" s'avère plus classique mais toujours savoureux. Et sur "Can't get this woman", c'est l'ombre de TORA TORA (et de son chanteur Anthony Corder) qui plane. Un magnifique combo oublié que CHERRYCANE aura ressuscité l'espace d'un titre.
Au regard de toutes ces références, j'en vois déjà qui se disent : "Nom de Zeus ! Ces mecs là n'ont donc aucune personnalité !!!!" Mais que nenni ! Ils en ont une. Et c'est dans le dernier titre, "Jenny", qu'elle s'exprime le mieux. Cette power ballade puissante et originale de près de 6 minutes fait passer beaucoup d'émotions et conclut de fort belle manière cet EP. Le groupe est encore jeune puisque formé en 2015, mais il fait preuve d'une étonnante maturité et évite les écueils d'un premier essai mal dégrossi. La production est, par contre, un peu à la traîne. Elle nous offre un son un peu brut et cradingue qui ne met pas forcement toujours en valeur les compositions.
Un petit point à améliorer donc mais beaucoup de qualités pour ce premier EP qui ne laissera pas indifférent les fans de hard-rock accrocheur et vitaminé. Aucun CHERRYCANE n'avait jamais laissé la moindre trace dans l'histoire. Mais, l'histoire... elle va changer !