On ne peut pas dire que les mecs de
Dagoba aient vraiment chômé depuis leurs débuts. Avec cinq albums et de nombreuses tournées, le groupe s'est hissé aux sommets du Metal français et n'en finit plus de déchaîner les passions. Quand l'annonce du départ d'Izakar (guitariste originel) est confirmé en 2012, de nombreuses questions fusent: qui pour le remplacer? Que va donner la prochaine sortie sans lui?
Post
Mortem Nihil Est paraît ainsi via
Verycords, et permet dans le même temps de présenter le nouveau guitariste 'Z'.
Coupons de suite tout suspens: il faudra attendre avant de voir ce que donne le
Dagoba avec son nouveau guitariste, puisque Post
Mortem Nihil Est a été entièrement composé avant son intégration (même si c'est bien Z qui a enregistré les guitares). Rien de bien novateur de ce côté-là donc, c'est dommage. En revanche, là où ça a bougé depuis 2010, c'est bien le son. Après avoir bossé avec Tue Madsen sur deux albums, puis Dave Chang sur Poseidon, le groupe a fait appel aux services de Logan Mader (ex-Machine Head) pour le mixage et le mastering de son bébé. La place est donc à un gros son à l'américaine, épais à souhait. Difficile de ne pas reconnaître qu'il sied bien au style de
Dagoba...
"When Winter..." a beau démarrer sur un sample un poil inquiétant, on se retrouve bien vite en territoire connu où la puissance semble être le maître-mot. Franky (batterie) est toujours aussi survolté et son jeu percutant se place au centre du mix. Pour autant, les guitares semblent plus en phase avec le reste et délivrent un jeu simple mais efficace. De son côté, on sent que Shawter a passé du temps pour varier ses vocaux et semble de plus en plus à l'aise avec ses parties claires.
Comme on pouvait s'y attendre, les marseillais n'ont pas lésiné sur l'impact de leurs nouveaux titres, qui semblent avoir été pensés pour les planches.
Dagoba présente ainsi quelques-uns de ses passages les plus extrêmes de sa discographie ("I, Reptile", "The Day After the Apocalypse"), qui tranchent net avec d'autres morceaux bien plus 'accessibles', tels que "Yes, We Die" ou "The Great Wonder".
Cette dualité musicale est poussée plus loin puisque de nombreux titres puissants se parent d'un refrain chant clair ("Kiss Me Kraken", "Son of a Ghost" ou "Oblivion is for the Living"...), qui n'atteint pas toujours l'impact recherché d'ailleurs. L'exemple le plus probant concerne les titres "Son of a Ghost" et "Oblivion is for the Living", dont les refrains manquent cruellement de saveur et, pire encore, semblent issus du même moule.
S'il est évident que Post
Mortem Nihil Est est l'album le plus puissant qu'ait sorti
Dagoba à ce jour, on ne peut malheureusement pas dire qu'il soit aussi le plus original. Certains plans renvoient directement aux albums précédents (certains breaks de batterie) et perdent de fait en efficacité. C'est bien dommage, car le groupe a les capacités de surprendre son public (il l'a déjà fait par le passé avec What Hell is About...)...
Tous ceux qui attendaient un album différent risquent bien d'être déçu par Post
Mortem Nihil Est, qui reste malgré tout un pur album de
Dagoba. Certes, le son est plus gros, le chant mieux maîtrisé et quelques morceaux se veulent vraiment violents, mais l'ensemble a du mal à innover et il n'est pas rare de reconnaître quelques plans issus des précédents efforts.
Pour autant, ce cinquième album est loin d'être mauvais, il est même plutôt bon si l'on recherche quelque chose de puissant et d'efficace, direct et massif... Mais il manque définitivement d'audace pour permettre à
Dagoba de franchir un nouveau palier dans sa carrière, celui qui le propulsera de la catégorie des sérieux espoirs européens à celle des valeurs sûres.