"Dans le domaine du Metal, les groupes les plus importants pour nous ont vraisemblablement été
Symphony X, Ark, Jorn Lande et
Dream Theater, bien que notre musique ait toujours été moins complexe que la leur."
Andrea Arcangeli (DGM)- 2011
La perspicacité de certains musiciens à analyser la teneure exacte de leur art en des mots simples et justes, est une qualité précieuse puisqu'elle nous renseigne directement sur leurs capacités à comprendre l'époque dans laquelle ils évoluent. Mais aussi parce que, quelque part, en définitive, elle nous éclaire également sur leur dévouement et leur humilité. Et comment d'ailleurs ne pas saluer la lucidité et la sincérité du bassiste des ultramontains de DGM lorsqu'il définit ainsi leur musique puisque, en effet, assurément, ces italiens portent en eux le legs de cette double filiation les apparentant à la fois à la scène Power Metal mais aussi à celle plus absconse et technique dédiées aux mouvances Progressives? La conjugaison de ces deux univers, lorsqu'un infime détail ne fait pas sombrer la créativité de ces équilibristes vers les obscures contrées de ces tendances escarpées aux constructions bien trop imbitables, nous offrent d'ailleurs un résultat souvent probant. Une règle à laquelle il existe, malheureusement, de nombreuses exceptions. Reste alors à savoir si le huitième album de ces transalpins, Momentum, sera l'une d'entre elle.
Pas vraiment puisque à l'image de certains des travaux de Michael Romeo et de ses complices, ce nouvel effort demeurent, une fois encore, très accessibles malgré une complexité certes relative mais néanmoins évidente. Respectant parfaitement l'équilibre entre ces diverses aspirations et influences, il révèle même tous le talent de ses artisans en des titres très intéressants (les superbes Reason,
Trust, Universe ou Remembrance).
Notons aussi ici la présence de deux illustres invités en la personne de Russel Allen et de Viggo Lofstad. Le premier, chanteur de renom au sein de, justement,
Symphony X, vient offrir des intonations plus rugueuses que celles bien plus mélodieuses de Mark Basile sur le morceau ouvrant cet opus. Le résultat est somptueux. Le second, quant à lui, guitariste de Pagan's Mind, viendra s'illustrer sur le très convaincant Chaos. La nature de tels conviés n'aura toutefois rien d'exagérément surprenant si l'on considère les liens familiaux qui unissent artistiquement tous ces créatifs.
Bien évidemment, eu égards à ses accointances avec ces arts abstrus, il sera difficile à cet opus de ne pas consentir à emprunter certains passages obligés tels que, par exemple, ces soli de guitares où la virtuosité de ces démonstrations pléthoriques peut paraitre assez pénibles. Reconnaissons tout de même que l'aspect très Power Metal de l'ensemble ainsi que la rareté de ces témoignages d'adresses excessifs, permettent de ne pas nuire à la bonne tenue d'un album très séduisant.
Nous dévoilant, une fois encore, une œuvre très aboutie dévolue à des doctrines artistiques variées, que d'aucuns qualifieraient d'antinomiques, les Italiens de DGM poursuivent sur ce chemin qu'ils arpentent depuis plusieurs décennies déjà. Sans heurts, sans bruits, sans bouleversements, avec une impressionnante sérénité et un insolent talent en somme, ils parviennent à maintenir le cap d'un navire toujours à flot sur une mer pourtant déchainé ou diverses embarcations disparates aux destins incertains pullulent.