Après avoir vécu une heure de gloire des plus retentissantes dans les années 2000, le Black Metal Symphonique a vu sa côte de popularité se dégrader avec le temps, à l'image de ses groupes précurseurs (
Graveworm n'est plus au niveau depuis un bout de temps,
Cradle of Filth a du mal à se relancer et
Dimmu Borgir ne parvient plus à faire l'unanimité). Pour autant, le genre est loin d'être mort et il existe encore et toujours des courageux qui se lancent dans l'aventure en espérant réécrire les codes d'un genre dont tout semble avoir été dit. Parmi eux, on citera volontiers les
Carach Angren ou dans une moindre mesure
Winterburst (pour nous autres français).
Totengeflüster, avec ce premier album
Vom Seelensterben, va directement se placer dans la catégorie des nouveaux espoirs du style.
Avant de parler de musique, il me semble important d'attirer l'attention sur le visuel, soigneusement étudié par les allemands. Comme à la grande époque, le Black Metal Symphonique de
Totengeflüster se voit soutenu d'un visuel particulièrement travaillé, comme en atteste le logo ainsi que l'artwork de cette œuvre maudite (symboles ésotériques...). Il faut dire que Totleben (composition, guitare, basse et orchestrations) n'est pas un novice en matière d'identité visuelle, puisqu'il s'est chargé d'un certain nombre d'artworks dont ceux de
Necronomicon,
Imperium Dekadenz ou
Unlight...
Vom Seelensterben emprunte donc certaines imageries à l'occulte et donne un caractère particulier aux compositions.
De ce côté-là,
Totengeflüster a fait les choses en grand: les premières secondes de cet album suffisent à confirmer l'impression de sérieux dégagé par la formation allemande. La production d'abord, qui met bien en valeur les multiples orchestrations ainsi que les guitares (seuls les chants sont un poil trop présents), puis les ambiances, particulièrement léchées. On évoquait plus haut une œuvre maudite, c'est bien la meilleure des dénominations pour caractériser un tel album. Les atmosphères laissent un paysage décharné, noirci de haine et d'une puissance ancienne, parfois proche de ce que proposait
Cradle of Filth du temps du cultissime
Dusk and her Embrace. De sonorités lugubres en envolées lyriques, le groupe parvient à instaurer une ligne directrice particulièrement prenante ("Ein Monolog im Mondschein") et réellement oppressante.
Paradoxalement, la réussite de cet album ne réside pas dans son originalité mais plutôt dans sa façon de revisiter le passé. Difficile en effet de ne pas sentir les influences du groupe. Mais c'est bien ce côté old-school (nous ne parlons pas des balbutiements du genre en 1990, mais de son heure de gloire fin 90' début 2000) et assumé qui rend cette galette accrocheuse. Avec
Vom Seelensterben,
Totengeflüster rend un hommage très correct au Black Symphonique.
Pendant plus de 45 minutes, le trio développe une musique très ancrée dans le passé, sans pour autant plagier ce qui a déjà été fait. Il paraît évident que
Vom Seelensterben parlera aux nostalgiques de la période sus-mentionnée, tant les compositions transpirent cet esprit emprunt de mysticisme et d'une douce violence aux côtés parfois romantiques (comme feu-
Anorerxia Nervosa finalement).
Avec un premier effort de cette trempe,
Totengeflüster frappe fort et prouve qu'une relecture du genre peut s'avérer surprenante. A présent, je reste curieux de voir quelle direction le groupe prendra pour la suite de sa carrière.