Qui se souvient encore du premier album de
The Gathering,
... Always, qui évoluait dans un registre death metal avec un chanteur ? Qui se souvient qu'à cette époque, personne de sensé n'aurait misé sur ce groupe qui pourtant aura su se révéler quatre ans plus tard avec le majestueux
Mandylion, sur lequel officiait la chanteuse
Anneke Van Giersbergen ? Et qui aurait parié sur la survie du groupe quand Annecke a décidé de voler de ses propres ailes, tant elle en était devenue l'égérie, la figure de proue, elle qui semblait porter tout l'édifice de sa voix magnifique ? Et une fois de plus,
The Gathering nous surprend à rebondir intelligemment, en s'octroyant les services de la Norvégienne
Silge Wergeland de
Octavia Sperati.
Mais cela suffit-il à faire un bon album ? Derrière cette pochette qui fait songer à une jaquette pour groupe prog,
The Gathering a tissé une toile de toute beauté. Il ne faut pas se laisser aveugler par le long instrumental d'introduction, où la guitare de
René Rutten se taille la part du lion : le groupe n'opère pas un retour aux sources (ou plutôt à la période
Mandylyon/
Nighttime Bird), même si le son reste parfaitement identifiable.
The Gathering continue à jouer un rock atmosphérique aux mélodies enjôleuses et somptueuses. Et Silge vient poser sa voix délicate sur cet ensemble. On se surprend à rapidement entrer dans le rêve. Il y a certes quelques similitudes avec le chant d'Anneke et ce n'est certainement pas innocent, mais la Norvégienne a également sa personnalité, qui correspond parfaitement au groupe.
On se laisse guider par
The Gathering tout au long de ces onze titres, toujours raffinés, et toujours aussi variés. On passe aisément d'un morceau péchu (
All You Are) à des morceaux plus intimistes, comme l'excellent title-track ou le non moins réussi
Capital Of Nowhere et on retrouve ses marques. Du coup, on ne sera pas surpris par les lignes mélodiques de certaines compositions, ni même par la production en générale, très classique pour les Bataves, mais on se régalera en pénétrant dans cet album comme dans un cocon, chaud et doux. La malédiction continue à s'abattre sur les frères Rutten (excellents au demeurant tout le long du disque) : on a tendance à se focaliser sur la voix cristalline de leur chanteuse, minimisant le travail de composition et d'interprétation d'un groupe solide et soudé.
The West Pole n'en étonnera pas beaucoup, mais il sait se montrer très plaisant avec son côté aérien délicat , associé à sa force plus rock. De metal, il n'en est pas question ici et si la présence de cet album de
The Gathering peut surprendre sur Metalship, il est bon de rappeler que le public metal est toujours resté fidèle à ce groupe qui, à l'instar d'
Anathema, a toujours cherché à progresser, évoluer, sans pour autant virer dans le tout commercial. C'est toujours un plaisir d'entrer dans un disque de ce groupe planant à souhait, hanté par des voix féminines de toute beauté (on note également la présence de
Marcella Bovio (
Stream Of Passion) et de la chanteuse Hollandaise
Anne Van Den Hoogen en guest), aux choeurs soignés, éthérés.
The Gathering n'a pas fait d'erreur de casting. En espérant que les fans ne hurlent pas pour le retour de Anneke, Stilge devrait recevoir un accueil plus qu'excellent de la part du public. En tout cas, ce West Pole est une petite merveille, que l'on attendait pas et qui fait forcément plaisir. Peut-être bien l'un des albums de l'année.