Saxon vient de sortir un nouvel album.
La chronique pourrait s'arrêter là. Parce qu'il n'y a pas grand chose à dire sur ce Into The Labyrinth, sinon qu'il s'agit d'un album de Saxon comme tant d'autre. Pas mauvais, pas génial, juste honnête.
Il faut dire, c'est déjà le dix -huitième album du groupe et après une carrière aussi riche et chargée, demander un chef d'oeuvre de la part des Anglais peut être un peu présomptueux. S'ils ne l'avaient pas fait deux ans plus tôt avec le superbe
Inner Sanctum, nul doute que les réactions envers ce nouveau disque seraient moins mitigées.
Certes, Saxon semble aller vite en besogne. Plutôt que de prendre son temps pour étoffer ses compositions, leur donner plus de corps, de consistance, de force, il va au plus pressé, comme si sa survie en dépendait. Voir débarquer Into The Labyrinth maintenant semble prématuré. Le groupe avait tourné intensément, au point que l'on peut se demander où il a trouvé le temps de composer et d'enregistrer ce disque. D'autant plus gênant qu'il y a un goût d'inachevé derrière tout ça, comme s'il s'agissait d'un prétexte pour écumer les routes à nouveau (et en concert, ne nous leurrons pas, seuls deux ou trois morceaux risquent d'être extraits de cet opus pour laisser la part belle à une ribambelle de classiques).
Musicalement, il n'y a pas de surprise. Saxon fait du Saxon, dans sa tradition de heavy metal de biker, avec ses passages plus rock. Un groupe qui, en vieillissant, ne ralentit pas l'allure et ne se drape pas dans des atours plus "travaillés" ou "prog" comme
Iron Maiden pour ne citer qu'eux. Les musiciens de Saxon savent très bien ce qu'il leur en coûterait de changer de style, ils s'en sont assez mordus les doigts dans la seconde partie des années 80, ne devant leur salut qu'à un noyau dur de fans qui avaient gardé foi en leur groupe fétiche. Cependant, jouer dans un style donné peut conduire à une certaine paresse de composition et c'est ce qui arrive plus ou moins ici. Sans que ce soit mauvais, les morceaux sont assez convenus et n'apportent rien à la mathématique Saxon. Même si
Battalions Of Steel ne fera pas que des heureux avec ces samples de voix féminines, le titre, placé en ouverture, est épique, racé, mais il manque un petit quelque chose pour qu'il devienne un classique au même titre que
Crusader. Le même reproche peut être fait à de nombreuses autres compositions, comme
Live To Rock qui n'est pas aussi rock'n'rollement jouissive que
I've Got To Rock de l'album précédent,
Demon Sweeney Todd rougira toujours de la comparaison avec d'autres up-tempo qui ont jalonné la carrière de Saxon. Il faut vraiment attendre la relecture de
Coming Home façon bottleneck pour arriver à un morceau vraiment original et déroutant.
Donc, pas d'innovation à l'horizon. Un disque marqué du sceau Saxon sans en avoir le label de qualité. On avance en terrain connu et si on n'est pas surpris le moins du monde, même si le tout peut sembler sans envergure, les musiciens livrent malgré tout de très bonnes prestations et
Biff Byford reste un très bon chanteur de heavy metal. C'est carré, ça joue bien, mais en-deça de leurs capacités réelles. Les fans peuvent tirer un peu la gueule, c'est du sous-Inner Sanctum. Ceux qui ne connaissent pas le groupe pourraient fort bien être séduits par le groupe. Quant à moi, je n'ai pas trouvé l'ensemble extraordinaire, juste correct et bien joué. Pas de quoi mettre une caisse pour autant.