Et j'assume ce sous-titre !
Il y a encore eu du changement de personnel chez
Gamma Ray !
Non ?
Si !
Rhooooooo !
Certes, c'est le dernier jusqu'au prochain. Mais il convient d'avouer que le capital sympathie de
Kai Hansen a toujours été supérieur à celui de son ami/rival
Michael Weikath au sein d'
Helloween et que les remaniements de musiciens de
Gamma Ray ont toujours moins été sujet à caution malgré des arguments assez douteux. Là, on évoque une envie de faire du metal alternatif pour
Jan Rubach et
Thomas Nack. Une explication comme une autre.
Les deux démissionnaires sont remplacés respectivement par
Henjo Richter et
Dan Zimmermann. Richter étant un guitariste, c'est
Dirk Schlächter qui passe de la six à la quatre cordes, qui était son instrument de prédilection. Hansen passe rapidement d'un projet à l'autre : après un premier épisode
Iron Saviour, il revient à Gamma Ray et perd un peu de sa créativité en chemin. Somewhere Out In Space est un album convenu. Semi-conceptuel puisque certains morceaux se rattachent l'un à l'autre, dans un trip SF star trekien assumé.
Alors non, malgré un single efficace mais ô combien typique, Somewhere Out In Space n'est pas le digne successeur de
Land Of The Free. Trop helloweenien et manquant cruellement de finesse, le disque pourrait avoir pour devise "speedons speedons speedons". C'est rapide, Dan Zimmermann a une frappe de brute mais derrière son efficacité toute teutonne se grave un manque de feeling évident. Les amateurs peuvent être ravis, ils dégusteront de la double grosse caisse tout du long, ou presque. Rien que le premier titre,
Beyond The Black Hole, donne le ton : ça va faire mal. C'est bien joué, bien foutu, avec un final de haute voltige. On peut d'ailleurs reprocher ceci à ce disque. Pris individuellement, les titres sont pour la plupart bons, voire très bons, mais assemblés l'un à l'autre, on arrive assez rapidement à un sentiment de trop plein que certains morceaux viennent plomber. Comme
Pray, ballade insipide et chiante au possible, ou encore
Lost In The Future dont le solo façon "MacDonald avait une ferme hihahihaho" est un brin ridicule.
Henjo Richter s'illustre déjà en apportant son sens de la mélodie pour des morceaux qui tranchent sérieusement avec le reste (
The Guardians Of Mankind,
Winged Horse), un sens de l'écriture plus épique, parfois gentiment kitsch. De véritables pauses qui permettent aux auditeurs de reprendre pied. En revanche, la fin du disque s'annonce plus délicate, avec des choix discutables, comme cette nouvelle version de
Watcher In The Sky qui apparait à l'origine sur le premier opus de Iron Saviour (rien ne se perd, tout se recycle !), ou la reprise de
Return To Fantasy d'
Uriah Heep qui n'arrive pas à rendre justice à l'originale.
Bref, ici on a du mal à trouver du chef d'oeuvre comme sur Land Of The Free. Pas de titres de la trempe d'un
Rebellion In Dreamland, pas de soupçon de génie comme pour
Heal Me en 1993... Gamma Ray perd un peu de sa superbe sur ce coup, mais ce n'est que partie remise. On sent que le combo a du coffre et qu'il n'a pas besoin de grand chose pour rebondir en définitive. Sauf qu'à force de trop faire, Hansen, qui reste l'instigateur principal du projet, se laisse aller et se met en mode pilotage automatique. Dommage.