Marilyn Manson, pour certains, c'est le type même du faux-jeton, du vendu, du trend qui fait son fond de commerce des "rebelz" et "gothopouf". C'est un peu plus compliqué que cela, en tout cas pour cet album. Après un
Mechanical Animals plus glam rock que metal, et rempli de strass et de came, le révérend nous revient avec un album plus sombre.
Mais l'introspection d'
Antichrist Superstar est loin. Là, il s'agit d'une charge frontale contre l'Amérique de Bush, conservatrice et bien pensante. La première partie de l'album sonne donc comme autant de coups assénés à ces ennemis de celui qui fut l'Ennemi des prédicateurs et de l'American Family Association. Efficace et court: des titres comme Fight Song ou Disposable Teens illustrent bien cette volonté combattive.
Comme ce fut le cas pour
Antichrist Superstar, ce premier chapitre laisse la main à plus de mélancolie, et de désespoir, comme si, dépassé par le nombre de fondamentalistes désirant sa peau, Manson se trouvait face à un combat perdu d'avance. Des passages plus creux, comme
Lamb Of God. Cependant la cohérence de l'ensemble reste intact. Et le désespoir grandit: finit la rage du début de l'album, les passages plus péchus ne sont qu'une triste illustration de la violence subie et rendue. Les riffs ne sont pas là pour montrer la rage de l'auteur, qui semble juste vouloir emporter plus de monde dans sa chute. Quant au final, Count to Six And Die, ce n'est qu'une allégorie du suicide (le sample que l'on entend est celui d'une personne jouant à la roulette russe et mourant en appuyant sur la gachette lorsque le percuteur arrive à la sixième alvéole du barillet).
Avec cet album, Manson revient à la noirceur d'
Antichrist Superstar. Sans être aussi génial, il reste un bon pamphlet et largement supérieur aux caricatures qui viendront par la suite.