Après un Unleash The Beast qui avait non seulement remis
Saxon au goût du jour mais qui leur avait permis de présenter leur meilleur album depuis... Power And The Glory, au bas mot, les guerriers reviennent deux ans plus tard avec ce Metalhead à la pochette étrange, le trip Stargate étant assez étrange pour un combo nous ayant habitué à des choses plus guerrières ou moyenâgeuses. Et avec une grosse nouveauté, qui ne sera pas pour mettre en confiance :
Nigel Glockler a quitté le groupe, pour des raisons personnelles. Il est remplacé par l'Allemand
Fritz Randow qui, s'il assure son travail, n'a pas la même finesse de jeu que son illustre prédécesseur.
Avec Metalhead, on rentre dans quelque chose de différent que sur Unleash The Beast qui est devenu, bon gré, mal gré, un album référence dans la carrière de
Saxon, du moins pour le line-up actuel. L'opus en lui-même se veut plus posé, comme s'il cherchait à dégager une ambiance avant de se parer d'un voile d'efficacité. Bien entendu, le groupe est composé de vieux briscards qui s'y connaissent pour dégager quelque chose et ici, ce sera un souffle semi épique qui glissera sur les compositions, sans pour autant être imposant,
primordial. Le groupe construit, brode, soigne son travail, mais il lui manque un petit truc supplémentaire, un surcroit d'âme qui ferait que Metalhead serait plus réussi dans son ensemble.
Pourtant, en tant que maître de cérémonie,
Biff Byford s'y entend comme personne pour guider l'auditeur où il veut. Son chant est parfaitement maîtrisé et s'il le pousse un peu moins sur cet album, c'est pour se transformer souvent en Biff le Scalde, troubadour du metal, cherchant à scander une histoire plutôt que de pilonner de sa voix, de hacher l'auditeur avec son timbre très particulier, relativement proche de celui de
Andi Deris. Les trois premiers morceaux sont tout simplement des pépites, posées, mid tempos le plus souvent, avec ce petit plus qui les rende imparables, un petit souffle épique, évoqué plus tôt, qui n'arrive pas à contrebalancer celui que l'on a connu des années plus tôt sur
Crusader.
Metalhead,
Are We Travellers In Time et
Conquistadors sont les trois perles de cet album, qui peine par la suite à retrouver cette qualité sonore, ces ambiances, cette force.
Parce qu'ensuite,
Saxon fait du
Saxon : du heavy rock pour biker pas très original et entendu mille fois. Cela reste de bonne qualité, malgré quelques points noirs ça et là, mais nous rentrons en terrain connus, sans surprises. Comme si le groupe avait enclenché le pilotage automatique pour être certain d'arriver à bon port sans escales et sans prise d'otage tragique. On reste facilement concentré sur l'ensemble, on n'est absolument pas surpris en revanche. Et là, c'est le lot de toutes ces formations qui ont traversé les décennies, cette sensation parfois désagréables que si, ponctuellement, elles se subliment, bien souvent elles ne font que tourner en rond.
Metalhead, c'est un album que l'on qualifiera de sympa parce que c'est ce qu'il est en définitive. Sympathique dans le son, sympa dans la forme, sympa à écouter... Le truc que l'on ressort du placard de temps en temps pour la musique sympa, la pochette sympa... Mais cela s'arrête plus où moins là. La déception peut-être de mise après un Unleash The Beast dévastateur, qui sonnait pourtant comme un appel aux armes, un appel aux armes qui ne sera pas suivi. Serait-ce du au désistement de Glockler ? Peut-être bien, ce dernier avait une façon bien un lui de composer et sa pâte manque cruellement à l'ensemble. Bref,
Saxon continu à vivre tranquillement, avec un disque taillé pour la scène, aire de jeu par excellence pour tous ces groupes, à l'instar de
Iron Maiden...