La scène extrême Québécoise n’a désormais plus rien à envier au reste du monde, et particulièrement en termes de Black Metal. Depuis l’avènement de
Frozen Shadows, cette froide contrée qui a vu naître le cultissime
Blasphemy, a en effet été témoin de l’émergence d’une pléthore de nouveaux activistes ayant véritablement insufflé une vigueur appréciable, et surtout un regain d’authenticité qui n'est pas sans rappeler l’exaltation et l’effervescence d’une époque révolue sur le vieux continent. Une époque sulfureuse qui a secoué la Scandinavie à l'aube des années 90 avec la première déferlante que l’on connaît tous.
De ces terres gelées, surgit pour la troisième fois le duo de patriotes constituant l’âme de
Forteresse, épaulé cette fois-ci par une troisième individualité derrière les fûts. Cette adjonction inopinée apporte une indéniable plus-value à la texture sonore de l’ensemble, car elle donne en effet plus de consistance et d’épaisseur au son, sans pour autant en dénaturer l’aspect cru et abrasif.
Guidés par un indéfectible respect pour leur mère patrie, ces conteurs persévèrent dans leur lutte identitaire initiée par
Métal Noir Québécois et poursuivie plus sereinement sur
Les Hivers De Notre Epoque. Toujours animé du même élan passionnel,
Par Hauts Bois Et Vastes Plaines constitue donc un nouveau périple au cœur de l’hiver Québécois.
Dévoilant une expression encore plus nuancée et poétique que sur l’opus précédant, ce troisième épisode se manifeste sous les traits d’un Black Metal lancinant, froid et mélancolique, entrecoupé d’interludes atmosphériques qui accentuent le côté purement onirique de la musique du groupe.
Ayant pour l'heure banni toute véhémence instrumentale de son répertoire,
Forteresse livre avec ces sept hymnes à la saison des neiges, une vision très épurée et minimaliste aux consonances presque irréelles mais néanmoins profondes et tragiques, mises en exergue par des nappes de synthés vaporeux qui nous entraînent dans un voyage crépusculaire jusqu’au royaume des songes...
Les rythmes ne s’aventurent jamais au delà du mid-tempo, demeurant majoritairement lents et linéaires, tandis que l’atmosphère pesante, majestueuse, inexorable et méditative, parfois très proche de ce que peut offrir le Doom funéraire, invite à l’introspection, au devoir de mémoire et se révèle porteuse d’une étonnante plénitude intérieure.
Malgré une certaine redondance pouvant se manifester sur la longueur, on s’abandonne très facilement dans les bras de cette épopée hivernale, qui sans surpasser la qualité évocatrice de son prédécesseur, parvient sans aucun mal à interpeller l’âme de l’auditeur, si tant est qu’il soit réceptif à la teneur d’un propos, similaire à celui jadis exprimé par des acteurs tels que
Burzum,
Beatrik ou encore
Wigrid.
Sans véritablement transcender son art,
Forteresse dresse un nouveau témoignage admiratif envers la froide beauté des paysages qui sculptent sa terre natale. De par son caractère grave et insurrectionnel, il rend également un vibrant hommage à l’esprit combatif de ses valeureux ancêtres. L’écho de ces voix patriotiques ayant forgé la souveraineté de la belle province par leur combat indépendantiste,
Forteresse l’incarne aujourd’hui avec vaillance et honneur.
Brandissant l’étendard de la liberté, c’est fièrement drapé de l’étoffe aux quatre fleurs de lys qu’il clame et défend à son tour son indépendance !