Après la compilation Unarmed qui fêtait 25 ans de sorties de singles ou d'albums sous le nom d'
Helloween froidement accueillie par les fans qui ne se sont pas retrouvées dans les versions acoustiques des standards des Citrouilles de Hambourg, ces derniers ne durent pas être franchement rassurés avec l'annonce figurant sur le site officiel de leur groupe fétiche : 7 Sinners, l'album le plus mélodique d'
Helloween. De quoi réveiller de vieilles sueurs froides liées à la peur que la formation teutonne puisse un jour sortir un Chamelon Part II.
Pourtant, la pochette, qui joue beaucoup sur les clichés liés au metal, tendrait vers quelque chose de plus direct. Pas novateur, ce n'est pas ce que l'on attend d'un combo comme
Helloween qui s'est construit sur des recettes spécifiques, modifiées au gré du chef et surtout, selon les changements de personnel qui furent assez fréquents fut une époque. Lames, gris et on a une certaine assurance déjà : cela ne peut pas être guimauve, pas avec de tels artifices graphiques.
En fait,
Helloween se cherche un compromis tout au long de l'album, avec une certaine réussite à la clé. Se basant sur le travail fait sur l'excellent Gambling With The Devil, les musiciens affinent encore un peu la recette pour mettre constamment en opposition la force et la douceur. La première particule s'articule autour de riffs tranchants posés sur des rythmiques qui de plus en plus sont finement ciselées, proche de la syncope, proche de ce que l'on s'attend à trouver dans du thrash. La seconde composante constitue à une recherche mélodique traduite par des choeurs plus affirmés et parfois loin des clichés chant de marins que l'on retrouve traditionnellement dans le style, ainsi que par des cassures rythmiques bienvenues, qui viennent colorer certaines compositions pour le plus rand plaisir de l'auditeur qui ainsi ne se contente pas de chansons parfaitement linéaires au schéma bien prédéfini comme ce fut souvent le cas par le passé.
Déjà, le fan sera déboussolé par l'introduction presque tribale de
Where The Sinners Go, un morceau qui étrangement ne cherche pas la vitesse.
Helloween se positionne tout de suite sur un mid tempo aux passages mélodieux qui va chercher sa force sur les refrains, où
Sascha Gerstner vient "prêter voix forte" au chef de file
Andi Deris, qui aura composé prêt de la moitié de l'album, reléguant
Michael Weikath à une nouvelle position, celle du joker de luxe. En effet, l'un des deux membres d'origine rescapé (avec le bassiste
Markus Grosskopf, presque en état de grâce) semble prendre du recul vis à vis du groupe et laisse faire les autres membres. Pas qu'il soit désintéressé, mais il a compris depuis le temps qu'il ne servait à rien d'essayer de tendre la couverture à soi et que ne proposer que deux titres de qualité est suffisant si les autres membres sont en verve.
On remarquera aussi quelques clins d'oeil et un peu de recyclage de vieilles recettes pour
Helloween. Si on ne peut pas manquer la reprise de la mélodie de
Perfect Gentleman sur le très bon
Who Is Mr Madman ?, si
Are You Metal pastiche
Gamma Ray avec audace, le rappel des montées dans l'aigu de
Rob Halford sur
Where The Sinners Go risque de passer un peu plus inaperçu, pourtant la similitude est trop troublante pour être accidentelle. Mais contrairement à
Gamma Ray qui s'enlise à reproduire presque note pour note les thèmes des Grands Anciens,
Helloween ne peut être accusé de plagiat. Le groupe s'amuse, il ne réplique pas bêtement.
Cependant, il ne faut pas s'arrêter sur le single
Are You Metal ?. Certes, c'est marrant deux secondes, des Citrouilles frappées du Rayon Gamma, mais cela peine à cacher des fragilités de compositions.
Dani Löble a beau se démener comme un beau diable derrière ses fûts, il ne peut pas sauver à lui seul un morceau de sa nonchalance créatrice. Un titre vite fait, sans même un solo mémorable, avec un refrain balancé pour faire style. Une composition à oublier, tout comme la ballade
The Smile Of The Sun qui aurait pu figurer sur l'album solo de
Andi Deris, Done By Mirrors tant les sonorités sont similaires. Deux fautes de goût qui ne viennent pas franchement plomber l'ambiance, mais qui font tache au milieu des autres compositions qui cherchent constamment à briller.
Alors oui,
Helloween s'écarte du son qui a fait son succès, il dévie également de ce qui lui a rendu de sa popularité dans le seconde moitié des années 90 et poursuit son petit bonhomme de chemin en poursuivant sur le tracé de Gambling With The Devil qui de plus en plus fait office d'album référence pour les musiciens. Les refrains sont bien amenés, pas forcément aussi évident et directs que par le passé et tout le monde sen porte mieux : sans étonner,
Helloween parvient à séduire.
Quand on constate avec amertume que
Scorpions prend sa retraite, que
Iron Maiden devrait peut-être y songer et que
Gamma Ray a du mal à remonter à la surface faute d'inspiration, il est bon de voir qu'un groupe souvent raillé vit depuis quelques années une véritable résurrection et, sans se révolutionner systématiquement, parvient à maintenir un cap, que dis-je ! une péninsule et retrouver de sa superbe. Et si d'ici un an ou deux
Helloween réalisait le pire cauchemar de Rod Smallwood, si les Citrouilles venaient à devenir plus populaires que la Vierge de Fer ?